Nous remercions Anna pour avoir rédigé l'entièreté de ce topic !
Vous trouverez ici quelques pistes afin d'améliorer la cohérence du personnage et sa profondeur. Ce qui suit est issu de l'expérience de plusieurs années de pratique de RP, mais ne constitue pas une référence en soi. Voyez-le simplement comme une source d'inspiration pour enrichir votre personnage.
I - Choisir son personnage
1/ La biographie
2/ Déterminer le caractère
II- Développer son personnage
1/ Les descriptions
2/ Les dialogues
3/ Donner de la profondeur au personnage
4/ RP avec l'entourage proche
5/ Doubles comptes et auto-rpI- Choisir son personnage
On peut partir de plusieurs bases pour créer un personnage. Un nom dont la sonorité nous plait, une pdp qui nous marque, un caractère qu'on veut explorer, un besoin rp (je dois créer la sœur de Untel)... Aucune de ces bases n'est mauvaise, l'essentiel est de tenir une idée qu'on va développer par la suite.
1/ La biographie
La biographie est une étape cruciale pour la cohérence du personnage. Il ne faut surtout pas la négliger. Voici quelques points qui peuvent permettre de la développer.
Schématiquement, un adolescent n'est pas un vase vide à remplir. Lorsqu'il arrive à Grifyce, il arrivera avec son bagage de savoirs (connaissances théoriques), de savoir-être (attitudes) et de savoir-faire (connaissances pratiques) emmagasinés grâce au monde qui l'a entouré. Créer un personnage, c'est créer ce bagage qui lui permettra d'évoluer à Grifyce, soit en s'y opposant, soit en le réaffirmant.
a. Le mode de vie du personnage
L'environnement social du personnage est l'une des premières choses à déterminer. La pauvreté, la richesse auront forcément un impact sur votre personnage : s'il est issu d'une famille aisée, il sera habitué au luxe et à l'assouvissement de certains besoins ou désirs (manger tous les jours à volonté, ne pas se soucier de déchirer ses vêtements, puisqu'il en aura d'autres neufs ou au contraire être très maniaque sur le soin...) et le contact avec la pauvreté pourra le mettre mal à l'aise ou renforcer un sentiment d'aide à un camarade défavorisé.
De l'autre côté, un élève issu d'une famille pauvre saura plus facilement se débrouiller, négocier sans tomber forcément dans les clichés de l'enfant voleur mendiant (tous les enfants des familles pauvres ne volent pas, heureusement!). Il sera aussi plus vite autonome, au lieu de demander de l'aide aux professeurs il aura plutôt tendance à aller chercher par lui-même les informations etc. et pourquoi pas être assez protecteur vis à vis des plus jeunes.
Également, le choix de la campagne ou de la ville a son importance : schématiquement, un campagnard sera plus à l'aise avec la nature, les activités de plein air tandis que les citadins auront un besoin de socialisation plus fort. Il est possible aussi que les gens de la capitale considèrent les autres avec une pointe de mépris hautain (« Tu ne sais pas ça ? On voit bien que tu sors de ton trou paumé »).
Évidemment, tous les traits que j'ai cités là sont des généralités caricaturales, mais ils sont à réfléchir, à retravailler et à approfondir en fonction du personnage que vous voulez jouer.
b. La famille et les relations à autrui
Déterminer le caractère des parents est bien, mais il est possible d'aller encore plus loin en réfléchissant aux raisons d'un tel caractère. Si les parents ont eu le personnage alors qu'ils étaient assez âgés, ils auront tendance soit à s'en détacher, soit à le chouchouter. Si les parents sont assez jeunes, ils pourront avoir une attitude type « bon copain », un peu immature. Le métier des parents influence également. Un juge pourra être carré, strict, tandis qu'un artiste sera plus libre, plus permissif. Bien entendu, il s'agit là d'une série de clichés que vous pourrez - et devrez - nuancer à votre guise. Le plus intéressant étant d'avoir des parents suffisamment travaillés pour avoir un réel impact sur le hors-scolaire de votre personnage : un parent n'est pas sévère ou indulgent sans raison.
Il vous faudra également réfléchir au nombre de frères et de sœurs de votre personnage, et aux relations qu'il entretient avec eux. Que votre personnage soit un enfant unique ou issu d'une famille nombreuse, cela aura forcément un impact sur sa socialisation. Également, si vous décidez d'une famille nombreuse, je vous déconseille de détailler un par un les relations façon liste : vous n'aurez pas le temps de l'exploiter en RP. Préférez vous centrer sur un ou deux membres maximum et détaillez bien les relations avec ces membres avec l'impact que cela a sur votre personnage, cela permettra bien plus de profondeur.
c. La culture
Découlant directement du mode de vie et des origines familiales, la culture aura également une influence sur votre personnage. Si votre personnage a mangé pendant toute son enfance à 13h, le fait qu'à Grifyce on mange à 12h pourra le perturber, au début. De même, repasser au rythme de 13h pendant le hors-scolaire lui paraîtra bizarre. L'exemple est anecdotique, mais on peut l'étendre de manière plus générale. Par sa culture, votre personnage pourra avoir du mal à s'adapter à certaines habitudes de Grifyce. Un personnage habitué à user de violence pour régler ses problèmes ne comprendra pas au début qu'il faut aller voir un professeur si quelqu'un l'insulte. Un personnage habitué à une vie très dirigée sera perdu avec l'autonomie demandée à Grifyce et aura tendance à toujours demander à son voisin ce qu'il faut faire ou à le suivre.
Petit-à-petit néanmoins, le personnage va se fondre dans une culture commune, celle de Grifyce, et les influences extérieures se feront moins sentir. L'adolescent mangera à 12h sans se poser de question, il finira par aller voir le professeur sinon il se fera renvoyer ou il gagnera en autonomie à mesure qu'il s'appropriera les règles de Grifyce. En fonction du personnage, cette culture commune se crée en quelques jours jusqu'à quelques mois. En milieu de 1e année, seules les cultures les plus fortes et conscientisées survivent (les aristocrates notamment), parce qu'elles témoignent d'un refus délibéré d'adaptation.
d. Les événements marquants
Dans l'enfance de votre personnage, il s'est forcément passé des événements qui l'auront marqué. Cela peut être une phrase importante d'un parent, la contemplation d'un paysage, un geste d'amitié particulier... sans parler d'événements plus dramatiques comme la maladie ou la mort d'un proche. Ces événements marquants, (en choisir entre un et trois), vont forcément avoir un impact sur votre personnage de manière consciente ou inconsciente. Bien entendu, il va s'agir de le développer de la manière décrite un peu plus bas afin d'avoir une meilleure idée des implications possibles sur le personnage. (cf. 1/ Les descriptions) S'il ne s'agit pas de le faire changer tout d'un coup, cet événement aura pu lui permettre de comprendre certaines choses, de modifier légèrement son caractère, ou bien de servir de refuge ou d'exemple en cas de difficulté.
e. La problématique
Certains personnages peuvent ne pas se suffire d'un ou plusieurs événements marquants pour se développer. Il peut alors être intéressant de leur adjoindre un paradoxe qui aboutira à une problématique directrice.
Exemple 1 :
A 17 ans, Selena est une adolescente pourrie gâtée par sa famille, habituée à ce qu’on fasse ses quatre volontés, qui rêve de devenir une inventrice célèbre. Confrontée à ses camarades qui ne lui passeront pas ces manières, comment va-t-elle réagir ? Evoluer ? Quelle femme deviendra-t-elle ?
Exemple 2 :
A 17 ans, Stuart est un garçon introverti dans une famille qui attend l'extraversion. Comment va-t-il évoluer arrivé à Grifyce ? Va-t-il réussir à s'affirmer ? Quelle évolution dans la relation à son père ?
Exemple 3 :
A 39 ans, Henry est un aventurier qui, la quarantaine approchant, commence à se remettre en question. Tiraillé entre sa soif d'aventures et sa volonté de stabilité, comment parviendra-t-il à choisir entre ces deux voies ?
L'intérêt de la problématique est que cela induit une tension chez le personnage qui, parce qu'il va chercher à la résoudre, lui permet de gagner en ambiguïté et donc en profondeur. Cela permet de donner un enjeu à chaque rp auquel le personnage va participer, ce qui est particulièrement utile dans le sens où en un an, vous n'aurez pas le temps de tout rp. Vous devrez aller à l'essentiel, et la problématique permet de faire deux en un : faire les rp sociaux/action requis tout en développant la psychologie de votre personnage. Ce qui n'exclue pas, bien sûr, de faire des rp uniquement tournés vers l'action, le social ou la psychologie.
Attention cependant : pour qu'une problématique fonctionne, il faut qu'elle soit transversale. Il faut qu'elle puisse apporter à tous les types de rp, rp sociaux comme rp event, et qu'elle puisse faire évoluer le personnage sur la durée.
Exemple 4 :
A 17 ans, Sina n'a d'yeux que pour le beau Max. Arrivera-t-elle à le séduire ?
Exemple 5 :
A 17 ans, Sina refuse d'éprouver toute émotion, les tenant pour mauvaises voire dangereuses. Que va-t-il se passer lorsqu'elle en éprouvera malgré elle ?
L'exemple 4 n'est pas une bonne problématique puisqu'elle réduit toute la personnalité de Sina au rp amoureux, induisant que les autres rp n'auront aucun enjeu. L'exemple 5 en revanche est bien plus large puisqu'il couvre toutes les émotions : amour, peur, colère... et permet de faire évoluer Sina non seulement sur les rp amoureux mais également sur d'autres types de rp. Il y aura également une évolution en terme d'âge car à mesure qu'elle gagnera en maturité et en expérience, elle sera amenée à remettre en question cette certitude.
Il faut enfin noter qu'il est tout à fait possible de partir de la problématique pour créer des événements marquants en fonction des besoins de la problématique. Les problématiques sans événements marquants sont beaucoup plus rares, car souvent les problématiques découlent des événements marquants.
f. Les valeurs et les croyances
Votre personnage a forcément un certain nombre de valeurs et/ou de croyances. Sans parler de pureté de sang ou de religion, il y a un certain nombre de principes auxquels il croit et qui guident sa vie, consciemment ou non. Les déterminer permet de donner une cohérence au personnage, puisque lorsque viendra le moment de faire un choix, soit vous saurez comment il est censé agir conformément à ses valeurs/croyances, soit il se retrouvera en dissonance cognitive (https://fr.wikipedia.org/wiki/Dissonance_cognitive ), ce qu'il faudra développer. Valeurs et croyances sont à prendre au sens large, ne vous contentez pas des évidents « loyauté, ruse, entraide... ». Honneur, bienveillance, beauté, morale, superstition... les champs d'exploration sont nombreux. Pensez également à nuancer et à justifier. Bienveillance envers qui ? Envers quoi ? Pourquoi ? Quelle morale ? Pourquoi ?...
g. Pour finir
Pour finir cette longue partie, encore deux petits conseils :
Ne pensez pas que la biographie est figée. Si les éléments inscrits dans la fiche sont fixes, il est toujours possible et même intéressant d'inventer des anecdotes au fur et à mesure du moment qu'elles sont cohérentes avec la biographie et le lore pour enrichir le passé du personnage. En cas de doute, demandez à un MJ.
N'ayez pas peur de la banalité. Ce n'est pas parce qu'un personnage aura vu toute sa famille mourir sous ses yeux par un méchant mage noir qu'il sera plus profond. Un personnage à l'enfance « normale » est tout aussi intéressant, à condition de le développer correctement. L'important n'est pas la biographie mais ce que vous en faites.
2- Déterminer le caractère
Si vous avez commencé par écrire la biographie, le caractère de votre personnage a dû vous apparaître très naturellement. En revanche, si vous avez décidé de commencer par le caractère parce que vous avez une idée de caractère en tête que vous souhaiteriez développer, voici quelques pistes.
a. La liste
La fameuse liste des trois qualités et trois défauts du personnage peut être intéressante pour débuter. Cela permet de situer à peu près le personnage et de voir un début de possibilité d'évolution. Mais attention : pour que votre personnage soit crédible, il faut que chacune de ces qualités et chacun de ces défauts soit nuancé. Un personnage timide ne sera pas forcément systématiquement timide, il sera peut-être timide avec les inconnus mais très bavard avec ceux qu'il connaît. Donc pour chaque qualité et chaque défaut, il convient d'en examiner les nuances. Prenons un exemple : la solitude. Pour le personnage, la solitude pourra être une qualité quand ce sera vu par d'autres comme un défaut. Cela nécessite aussi de réfléchir aux limites de la solitude, à ce que cela implique : une interaction sociale réduite, éventuellement une tendance aux rêveries ou au savoir livresque en fonction de ce que vous voulez faire du personnage. Lorsque vous jouerez votre personnage, il faudra le prendre en compte. Et bien sûr, il est intéressant de réfléchir à « pourquoi et comment le personnage a développé ces qualités et ces défauts ». Ces qualités et ces défauts ne sortent pas de nulle part, votre personnage les a développées en fonction de ses expériences passées, comme il pourra les faire évoluer au fur et à mesure de ses rencontres à Grifyce. En développer l'origine vous permettra, lorsqu'un autre personnage voudra vous faire réfléchir sur ces nuances, de pouvoir argumenter.
b. Remarques diverses
L'avatar peut faire partie de ces éléments qui influencent le caractère d'un personnage. Si vous avez l'avatar d'une personne triste, il vous sera peut-être plus difficile de jouer la bonne humeur et vice-versa. Avec un avatar neutre, il peut être plus difficile de se projeter dans son humeur du moment. C'est la raison pour laquelle le choix de l'avatar n'est pas anodin. Lorsque c'est possible, il vaut mieux trouver la photo coup de cœur, celle qui vous dira « c'est lui ». Ce n'est pas uniquement d'un point de vue physique, cela peut très bien être aussi l'attitude, le regard qui suscitera votre imagination et vous permettra de mettre en lien la représentation que vous aviez de votre personnage à la « réalité ».
N'intellectualisez pas trop votre personnage. Il n'est pas nécessaire de chercher à tout prévoir de votre personnage, il faut aussi pouvoir se laisser porter. En général, c'est le premier rp qui constitue l'épreuve du feu. Même si vous avez défini la biographie et le caractère, c'est au moment où il commencera à interagir avec les autres qu'il commencera à exister. Les premiers rp peuvent vous donner des pistes d'exploitation du personnage auxquelles vous n'auriez pas pensé. A l'inverse, à moins que vous ne soyez particulièrement à l'aise avec l'improvisation, il n'est pas forcément recommandé d'arriver sans avoir préparé un minimum votre personnage car vous aurez alors des soucis de cohérence, notamment avec sa biographie. Dans tous les cas, il n'est pas anormal que dans les premiers jours, vous ayez des difficultés d'ajustement avec votre personnage. Au bout de deux ou trois rp normalement, ces difficultés disparaissent et vous aurez votre personnage bien en main. Si ce n'est pas le cas, reprenez votre personnage et réfléchissez-y. Qu'est ce que vous n'arrivez pas à faire ? Qu'est ce qui vous pose problème ? Arriver à prendre du recul et formuler ces difficultés vous aidera à réajuster votre personnage. Souvent c'est juste une manière de le jouer qui ne convient pas, mais si c'est plus important, un caractère qu'on n'arrive pas à s'approprier par exemple, n'hésitez pas à contacter un MJ pour avoir des conseils. Le rp doit rester un plaisir, jouer un personnage qui ne vous convient pas vous ôtera tout plaisir de jeu.
II- Développer son personnage
Une fois que la biographie et le caractère du personnage ont été fixés, une fois que vous avez pu le pratiquer sur quelques rp et que vous avez vu qu'il fonctionnait, voici quelques pistes pour améliorer la qualité de votre rp au quotidien.
1/ Les descriptions
Pas besoin d’être un grand philosophe poète pour écrire une description, voici quelques indications pour créer des descriptions rapides et immersives à la fois.
a. Le développement
Pour développer un post, il n'y a rien de plus facile : il suffit de s'assurer que le post répond aux cinq questions fondamentales : Qui ? Quand ? Où ? Quoi ? Comment ? avec en question transversale Pourquoi ?
Exemple 6 :
Profitant d'une pause entre deux cours, Stuart, vêtu d'un chaud manteau de laine noir et d'un bonnet de laine de la même couleur, se promène comme à son habitude dans le jardin, les mains dans les poches à cause du froid. Machinalement, l'adolescent tape du bout de sa chaussure dans un caillou qui traîne. Ça roule, c'est amusant. Il ne fait pas attention à ce qui l'entoure, plongé dans ses pensées.
Qui ? Stuart – Pourquoi ? X (là, c'est une raison HRP, c'est parce que c'est le personnage que vous souhaitez jouer)
Quand ? Profitant d'une pause entre deux cours – Pourquoi ? Parce que c'est la pause
Où ? Dans le jardin – Pourquoi ? Parce que c'est son habitude
Quoi ? Tape dans un caillou qui traîne – Pourquoi ? Parce que c'est amusant
Comment ? Les mains dans les poches – Pourquoi ? Parce qu'il fait froid
Comment 2 ? du bout de sa chaussure – Pourquoi ? Implicite : parce qu'il tape dans le caillou avec le pied
Comment 3 ? vêtu d'un chaud manteau de laine noir et d'un bonnet de laine de la même couleur – Pourquoi ? Parce qu'il fait froid
Bonus : vêtu d'un chaud manteau de laine noir et d'un bonnet de laine noire également + Il ne fait pas attention à ce qui l'entoure, plongé dans ses pensées.-> Indications visuelles pour permettre au joueur qui va intervenir ensuite d'avoir tous les éléments en main pour jouer son personnage en conséquence.
Voilà comment, en quatre lignes, rédiger une description construite.
b. L'enrichissement
Pour enrichir votre description, pensez à vous servir d'adjectifs, d'adverbes, de subordonnées ou de synonymes.
Exemple 7 :
La forêt est pleine d'araignées.
La forêt est pleine d'araignées venimeuses.
La forêt est pleine d'araignées venimeuses qui n'attendent qu'un adolescent téméraire pour le croquer.
Ce bois est rempli d'araignées venimeuses attendant impatiemment un jeune garçon aventureux à dévorer.
Ici nous avons bien des adjectifs (interdit, venimeux), des adverbes (impatiemment), des subordonnées (qui n'attendent qu'un sorcier...) et des synonymes ( forêt → bois, jeune garçon -> adolescent).
Vous pouvez également mettre en relief un mot ou une expression pour attirer l'attention dessus.
Exemple 8 :
L’inventeur curieux ouvre la porte de la salle.
Curieux, l’inventeur ouvre la porte de la salle.
L’inventeur, curieux, ouvre la porte de la salle.
Harry se souviendrait toute sa vie du jour où son père lui a fait découvrir la machine à couper les cheveux en quatre.
Toute sa vie, Harry se souviendrait du jour où son père lui a fait découvrir la machine à couper les cheveux en quatre.
Pour m'amuser, je suis allée un peu plus loin. Je suis partie de l'expression « Il rit » très souvent utilisée dans les rp et j'ai imaginé une tournure pour développer cette expression. Bien sûr, c'est un peu trop recherché pour être exploitable ici, mais cela vous donne une idée de ce que vous pouvez faire à partir d'une expression courante.
Exemple 9 :
Il plaisante, le regard pétillant. Rien ne vaut une touche d'humour de temps à autres. Ses lèvres s'incurvent du plaisir anticipé de sa petite farce tandis que ses mains s'ouvrent en signe d'innocence. Bien malin serait celui qui s'aventurerait à lui trouver un air coupable.
Enfin, et c'est le plus important, n'oubliez pas de visualiser au maximum la situation dans laquelle évolue votre personnage. Il faut parvenir à vous y projeter. Quand votre personnage est dans une pièce, il faut que vous y soyez aussi. Cela vous permettra de mieux interagir avec l'environnement et de rendre la scène plus vivante. Par exemple, votre personnage pose sa main sur la table, contourne la chaise, se cogne à l'armoire, se saisit d'une craie... Cela vous permettra aussi d'éviter les erreurs classiques du genre « Je tiens mon stylo d'une main, mon sac de l'autre et j'indique une direction de ma troisième main ».
Pour terminer sur le sujet je vous conseille, pour les synonymes, cet excellent dictionnaire en ligne :
http://www.crisco.unicaen.fr/des/2/ Les dialogues
a. Traits d'oralité et niveau de langue
On s'exprime différemment selon qu'on parle ou qu'on écrit. Cela paraît bête, mais souvent on n'y fait pas attention. A l'écrit, vu qu'on a le temps de formuler les phrases, on réfléchit davantage au vocabulaire, à la structure... alors qu'à l'oral, la syntaxe est souvent plus relâchée. Or sur le forum, le paradoxe est qu'on se trouve à l'écrit tout en devant rédiger des dialogues le plus souvent émis par des adolescents. Voici quelques repères pour pouvoir écrire des dialogues « à la manière d'adolescents » voire d'adultes. En grammaire, ce sont les traits d'oralité (la liste n'est pas exhaustive).
- Dans les questions, non inversion du sujet ou utilisation de « qu'est-ce que ».
Ecrit : Que fais-tu ce soir ?
Oral : Tu fais quoi ce soir ? Qu'est-ce que tu fais ce soir ?
- Phrases laissées en suspens
O : J'ai beau réfléchir, je ne sais pas si...
(Souvent complété par une ligne descriptive : Il hausse les épaules)
- Juxtaposition des phrases, absence de subordination
E : Mon ami m'a dit qu'il savait comment entrer dans le bureau du détective.
O : Mon ami m'a dit, il sait comment entrer dans le bureau du détective.
- Utilisation d'interjections et de locutions adverbiales (hein, ben...)
E : Je ne sais pas si j'irai au cours d’éloquence.
O : Ben... je ne sais pas si j'irai au cours d’éloquence.
- Ellipses et ellisions (y'a, t'as, omission du « ne » dans une phrase négative...)
E : Tu n'as pas pensé à prendre une plume ? / N'as-tu pas pensé à prendre une plume ?
O : T'as pas pensé à prendre une plume ?
- Utilisation du pronom « on » privilégiée par rapport au pronom « nous »
E : Nous sommes partis dans le jardin.
O : On est parti dans le jardin.
- Répétitions
E : Je suis contente parce que mon ami est très gentil.
O : Je suis très contente, il est très gentil mon ami.
Note : ici il y a une double répétition, à la fois sur le « très » et sur le « il … mon ami ».
Bien entendu, il ne s'agit pas d'user de ces traits d'oralité à tous les dialogues. Par exemple, si votre personnage s'adresse à un professeur, il fera davantage attention à la qualité de ses phrases et n'utilisera pas ou peu ces traits d'oralité. Un adolescent avec une bonne éducation fera également attention à la manière dont il formule ses phrases, même si avec ses amis il peut se permettre une grammaire plus relâchée.
Surveillez aussi le niveau de langue. Selon que vous direz « il bouffe / il mange / il déguste », l'impact ne sera pas le même. Votre personnage est un adolescent, il faut veiller à faire des phrases syntaxiquement simples et au vocabulaire courant. Un exemple :
Exemple 10:
- Que fais-tu ?
- Je déguste ces cookies, ils sont exquis.
Imaginez-vous un adolescent dire cela ? Pour un professeur d'un certain âge, cela semblera naturel, en revanche, un adolescent dira plutôt cela :
- Que fais-tu ?
- Je mange des cookies, ils sont bons.
Cependant, et cela peut être une marque d'évolution de votre personnage, à mesure que votre personnage grandit, il apprendra des mots et des formulations de plus en plus complexes et saura s'en servir à bon escient. Un jeune adulte de 17 ans parle différemment d'un adolescent de 11 ans, sans pour autant s'exprimer comme un adulte de 40 ans.
b. Donner une intonation et un rythme
Lorsqu'on parle, on a plusieurs indices pour faire passer le sens de la phrase : le sens des mots bien sûr, mais aussi leur positionnement dont on a déjà parlé, le ton etc. Toute la difficulté de l'écrit est d'arriver à retranscrire ces indices que l'on entendrait IRL mais que par définition sur un forum on ne peut percevoir.
L'intonation peut se donner de plusieurs manières, et la liste n'est pas exhaustive :
° La plus commune est via la description.
Exemple 11 :
Il dit à voix basse : « Tu crois qu'on nous entend ? »
° La taille des caractères.
Exemple 12 :
- ARRÊTE !
Note : ici, plusieurs émotions sont spontanément possibles: de l'urgence, de l'exaspération, de la peur, de la colère... c'est le contexte qui vous signalera le ton.
° La mise en relief par l'italique ou le soulignement.
Exemple 13 :
- Tu es sûr qu'on doive aller dans le bureau du détective ?
° La mise en relief par la ponctuation
Exemple 14 :
- Je suis fâché que vous ayez eu à subir ces... désagréments.
- Tu... ne sais pas ? Mais tu m'as dit que tu savais tout à l'heure !
Exemple 15 :
- Parlez. Main.te.nant.
Cependant, il faut faire attention à ne pas abuser de ces marqueurs d'intonation ou de rythme pour ne pas en gâcher l'effet.
Exemple 16 :
- Tu es sûr de ce que tu dis ? Parce que moi, je sais que je l'ai vu ce matin, et il avait l'air tellement inquiet...
Essayez de prononcer ça à l'oral, vous verrez que votre voix aura tendance à jouer les montagnes russes, ce qui n'est pas du tout naturel dans une conversation.
Exemple 17 :
Il se lève... Il se regarde dans le miroir... Il s'habille... Il ne salue pas ses camarades... Il sort pour aller manger...
Ici, c'est l'accumulation qui pose problème. Les points de suspension veulent marquer l'hésitation du personnage ou du moins une certaine morosité et donner un temps long, mais du fait, c'est comme si vous écriviez :
« Il se lève et il se regarde dans le miroir et il s'habille et il ne salue pas ses camarades et il sort pour aller manger ».
Prononcez-le à l'oral. Les phrases sont constamment suspensives, la voix ne peut jamais se poser. Ce n'est en effet pas le rôle des points de suspension de conclure une phrase. Dans ce cas vaut faire des phrases ponctuées avec des points ou des points-virgule, et placer quelques indicateurs de temps long.
Et c'est ainsi qu'on arrive au rythme.
Pour faire simple, votre rp va être une alternance de temps longs et de temps courts. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, le temps long n'est pas réservé aux pavés et le temps court aux posts de deux lignes.
Exemple 18 :
Elle regarde le lac sans le voir, se demandant comment elle en était arrivée là.
Là, si on se replace dans la situation, on sera sur du temps long puisqu'on comprend tout le temps que prend la réflexion du personnage.
Pour créer du temps court et du temps long, il y a deux moyens principaux.
- La longueur de la phrase.
Les phrases brèves et indépendantes avec peu de conjonctions de coordination seront dans le domaine du temps court tandis que les phrases longues, avec virgules, créeront un rythme plus lent.
- Les mots indicateurs
Certains mots impulsent le temps court et le temps long.
Exemples pour le temps court : rapidement, d'un geste bref, sans hésiter, instinctivement...
Exemples pour le temps long : regarder, songer, pendant plusieurs minutes, lentement...
Voici deux exemples pour illustrer mes propos. En rouge, le temps court, en bleu le temps long.
Exemple 19 :
Il court. Il ne regarde pas autour de lui. Il n'a pas de temps à perdre. Arrivera-t-il à la retrouver à temps ? Un élan de nostalgie le saisit tandis qu'il repense à tout ce qu'il avait vécu avec elle, aux moments complices qu'ils avaient partagé. Le soir de Noël, elle souriait quand il lui avait donné son cadeau. Ce n'était qu'un cadeau très modeste pourtant, mais il en était fier. Il avait mis beaucoup de temps à le trouver, et son sourire lui avait dit qu'il ne s'était pas trompé.Il trébuche. Plongé dans ses souvenirs, il n'a pas fait attention à son pas. D'un geste impatient, il chasse ces souvenirs de son esprit. Pas le moment de penser à ça. Il doit la rattraper. Sans hésiter, il continue à courir. Surveille son souffle. Le bon rythme. Il fallait qu'il garde le bon rythme pour continuer cette course folle.Exemple 20 :
La jeune fille regarde autour d'elle, pensive. Plusieurs secondes s'écoulent avant qu'elle n'en revienne à son camarade.
- Je ne sais pas, finit-elle par dire. Tu aurais pu le faire, bien sûr, et je ne pourrai pas le savoir. Moi, ce que je pense surtout, c'est que tu as essayé de le faire et que tu n'as pas réussi. Mais ce n'est pas grave, ça arrive à tout le monde d'être lâche.- Tu mens.
La voix de l'adolescent est brève, incisive.
- Tu sais que je l'ai fait. Que tu me croies ou non, c'est ton problème. Maintenant, tu te lèves et tu me suis.Notez pour le temps court les phrases brèves, parfois nominales (« Pas le moment de penser à ça ») avec usage de verbes à valeur impérative (« Maintenant tu te lèves ») et les indicateurs (« voix incisive ») alors que pour le temps long, on est sur des phrases plus longues, avec plusieurs propositions (verbes conjugués) dans la même phrase (« Un élan de nostalgie le saisit tandis qu'il repense à tout ce qu'il avait vécu avec elle, aux moments complices qu'ils avaient partagé. ») et des indicateurs marquant la durée (« plusieurs secondes s'écoulent »).
Bien évidemment, il faut nuancer. Tous ces moyens que je donne ne sont pas à utiliser à la lettre façon liste. Il faut vous servir en fonction de vos besoins et non les accumuler, afin de rendre le rp agréable à écrire pour vous et à lire pour les autres.
c. Questions ouvertes et justifications
Si vous voulez qu'un rp fonctionne, il faut penser au joueur qui va vous répondre. Si on vous demande « Quelle est ta matière préférée ? » Et que vous répondez « Bah, moi ma matière préférée, c'est la physique », il n'y aura rien à répondre. En revanche, si vous dites « Bah moi ma matière préférée, c'est la physique parce que je voudrais être inventeur plus tard », là ça permet de rebondir, d'avoir une conversation sur les métiers, les ambitions...
Bref, quand on joue sur un dialogue, il faut penser au joueur qui va répondre. Sur quels éléments de votre réponse il pourrait rebondir ? Pour créer des éléments de réponse propices à la discussion, pensez à justifier vos propos. « J'aime la chimie parce que... », « Je m'ennuie parce que... ». Le joueur pourra faire réagir son personnage sur ces propos. Et si rien ne lui permettrait de rebondir ou de continuer la conversation, alors ajoutez une question ouverte, une question auquel on ne peut pas répondre par oui ou par non. « Qu'est ce que tu penses du prof d'éloquence ? ».
3/ Donner de la profondeur au personnage
J'ai déjà évoqué dans la partie I- Choisir son personnage l'importance de la problématique pour donner de la profondeur à votre personnage.
a. Généralités
Ce dont il faut avoir bien conscience, c'est que tous les posts ne serviront pas à développer votre personnage. Le temps du rp est très court, et il faut faire des choix. D'où l'intérêt de la problématique ou des événements marquants qui permettent de sélectionner ce qu'on peut développer. Le paradoxe de Stuart est que c'est un garçon introverti dans une famille qui attend d'être extraverti. Donc je ne développerai que les rp qui vont dans le sens de l'évolution de ce paradoxe et je ne répondrai qu'en quelques lignes aux autres, même si, au détour d'une conversation « non développée » mon interlocuteur va pouvoir dire une phrase qui fera sens pour Stuart et donc au post suivant j'en développerai l'impact. Attention cependant, j'entends « non développé » par « non développé sur le plan psychologique », pas nécessairement sur le plan descriptif. Si on vous demande « comment ça va ? », vous n'avez pas besoin de faire dix lignes, sauf si votre personnage a des raisons d'aller mal et que la question peut être l'occasion de faire le point sur l'état de votre personnage à l'instant T. Mais si on vous pose la question « qu'est ce que tu étudies ? » et que votre personnage est un passionné de physique, rien n'empêche de faire une réponse de dix lignes parce qu'il s'enthousiasme sur le sujet, alors que ça n'entre pas directement dans sa problématique.
Ce choix de développement ou de non développement de la psychologie du personnage en fonction des rp permet de ne pas s'éparpiller, de garder une certaine cohérence dans le comportement du personnage et de donner une identité au personnage, extérieurement.
Il y a un test facile à faire pour savoir si vous avez réussi à lui donner cette identité : demandez à un autre joueur de décrire votre perso en deux-trois mots maximum. S'il y arrive, c'est que vous aurez donné une identité véritable à votre personnage. Et afin de ne pas le faire tomber dans le cliché, ce sera à vous d'exploiter la problématique, les paradoxes, l’ambiguïté du caractère ou de vous servir des événements extérieurs pour faire évoluer le personnage.
Également, et je n'insisterais jamais assez dessus : pour donner de la profondeur à un personnage, le mot-clé c'est « nuancer ». Quand on dit « tel perso est loyal, a telles valeurs » donc va agir comme ça, ça ne veut pas dire que tous les jours, il va agir bêtement comme ça. Ne dites pas « il fonce tête baissée parce qu'il est loyal », ce qui est une raison HRP. Dites plutôt « il voit ses amis en détresse, il veut les aider donc il fonce les aider », ce qui est une raison RP. Mais même comme ça, parfois, il n'aura pas envie parce que untel l'aura insulté peu avant, et dans ce cas il n'ira pas, sans que cela ne remette en condition son caractère, au contraire. C'est l'inverse (« il y va alors qu'il s'est fait insulter juste avant ») qui aurait été incohérent. Autre exemple, « mon personnage est solitaire », ça ne veut pas dire qu'il va rembarrer tous les PJ. Il peut y avoir des jours où, pour X raison futile, il est de bonne humeur et il aura envie de voir du monde par exemple, raison qui sera à développer en quelques mots. Pensez aussi à jouer avec l'environnement pour alimenter votre rp. La pluie par exemple, peut rendre votre personnage irritable ou au contraire particulièrement heureux. Si votre personnage a peur du noir ou des endroits sombres, il réagira différemment selon l'endroit où il rp. Et ainsi de suite.
b. Pour aller plus loin : l'ambiguïté du personnage
Lorsque votre personnage arrive à Grifyce, il a eu une vie derrière lui. Des choses dont il est fier, des choses dont il a honte. De bons souvenirs, de mauvais souvenirs. Bref, ce qui compose plusieurs années d'existence. Or toutes ces choses, il ne va pas les dire du premier coup, ni au premier venu. Si vous voulez rendre votre personnage intéressant, il faut qu'il garde certains secrets que les autres chercheront peut-être, ou peut-être pas, à découvrir. Si votre personnage est réticent à parler de ses parents, cela va susciter la curiosité de l'interlocuteur, et peut-être qu'il va chercher à comprendre pourquoi. Ou peut-être pas, ce n'est pas obligatoire, ni systématique. Ou bien, peut-être qu'une conversation anodine sur la forêt va provoquer chez votre personnage certaines émotions, des souvenirs qu'il va confier à ce moment-là. Bref, ne pas tout dévoiler de votre personnage va permettre de susciter une forme de curiosité rp peut-être, hrp sûrement. C'est aussi ce qui fera qu'on aura envie de rp avec votre personnage. Mais bien sûr, il faut nuancer. Si vous rappelez trop de fois que « regardez, mon personnage a un secret », ça ne fonctionnera pas. Vous, vous vous contentez de glisser quelques indices ou de réagir à une situation imprévue, et vous laissez à votre interlocuteur le choix de rebondir dessus ou pas.
c. Pour aller plus loin : l'ambiguïté dans les dialogues
Ce n'est clairement pas une obligation, mais cela peut être intéressant à tenter pour ceux qui souhaitent jouer un personnage un peu moins « évident ».
A chaque post, vous devez savoir exactement ce que pense votre personnage, son état d'esprit. Il n'est bien sûr pas question de le développer à chaque post, mais cela doit toujours rester présent dans votre tête pour garder une cohérence dans ses réactions. Maintenant, votre rôle dans tout ça, ça va être de maintenir un délicat équilibre entre le fait de développer suffisamment les pensées de votre personnage pour qu'on comprenne ses actions et ne pas en dire trop pour laisser la place à l'interprétation. Attention, si vous avez le moindre doute, mieux vaut trop en dire que pas assez. Mais un moyen simple pour garder un peu d’ambiguïté est d'évoquer tous les indices, tout ce qui amène à la conclusion de la réflexion, sans évoquer cette conclusion. Par exemple dans un dialogue, votre personnage fait un geste, acquiesce... lorsqu'un élément l'intéresse et ensuite dans le développement, cela va donner quelque chose comme :
Exemple 21 :
Henry savait que Machin avait fait ça et que Truc avait dit ça. Mais alors pourquoi Bidule agissait-il comme ça ? Il ne comprenait pas. A moins que... Rapidement, il lance :
[…]
Non, il s'était trompé. Il avait dû louper un élément, mais lequel ?
Voilà, là c'est un exemple très grossier mais cela vous donne une idée.
L'ambiguïté peut également passer par les gestes. Pour les dialogues non importants, un simple geste non justifié peut être source d'interrogation.
Exemple 22 :
Une lueur de mépris traverse le regard de Sioban. Imbécile. On ne remercie pas. Remercier est une preuve de faiblesse. Elle répond :
Ici, on a la justification de ce mépris. Donc l'interlocuteur, inconsciemment, va faire en sorte que son personnage ne s'excuse plus ou alors va faire exprès de s'excuser pour provoquer une nouvelle réaction de Sioban et l'impact de l'effet sera amoindri par manque d'implicite.
Exemple 23 :
Une lueur de mépris traverse le regard de Sioban. Elle répond :
Là, on ne sait pas ce qui, dans la réponse précédente, a provoqué ce mépris. On a juste la conséquence. Cela permet également au joueur qui va répondre d'avoir toute latitude pour imaginer une raison. En revanche, bien évidemment, si un MJ vous demande de détailler par mp la raison de ce mépris, il faudra que vous sachiez y répondre immédiatement.
Pensez également à certains actes récurrents comme implicite. Par exemple, chaque fois qu'un personnage est étonné il va hausser un sourcil. Ou chaque fois qu'il est agacé, il va accentuer son accent étranger. Ou chaque fois qu'il s'ennuie il va devenir ironique. Choisissez-en un ou deux, récurrent de l'état d'esprit de votre personnage (s'il s'ennuie souvent, s'il se met souvent en colère...) et mettez-le en pratique sans en donner la raison. « X hausse un sourcil et répond poliment ». Et à force, les gens qui feront plus régulièrement du rp avec votre personnage apprendront cet implicite tandis que ceux qui le connaissent mal n'y verront que du feu.
4/ RP avec l'entourage proche
a. Pendant les vacances
Votre personnage ne vient pas de nulle part. Il a une famille, des amis qu'il a fréquentés assidûment pendant dix-sept ans et qu'il retrouve à toutes les vacances, ou plus fréquemment si sa famille vit dans la région. Vous en avez créé certains, vous les jouez peut-être. Mais comment les jouer ?
En fait, pendant que votre personnage grandit et évolue au fil de sa scolarité à Grifyce, les PNJ suivent la même évolution de leur côté, sans que cela ne soit forcément joué en rp. Sans détailler autant leur développement que pour votre personnage, il peut être bon d'avoir en tête leur caractère et son évolution.
- Les parents
Les parents évoluent avec le temps. Avec l'âge aussi. Non seulement dans leur manière d'être, mais également dans leur manière d'agir avec votre personnage. De manière générale, lorsque le personnage est au début de l'adolescence, le parent aura encore tendance à dire « obéis et tais-toi », alors que plus les années passent, plus l'adolescent grandit et plus le parent aura tendance à lui parler d'égal à égal, lui expliquer certaines raisons, certains actes... Ensuite, il faut combiner cela avec le caractère du parent. Un parent immature soit gagnera en maturité, soit restera immature, ce qui, extérieurement, pourra sembler ridicule. Un parent sévère soit deviendra presque rigide, soit s'assouplira un peu avec l'âge. Et c'est évidemment à nuancer.
Rien ne vous empêche également d'imaginer certains événements pouvant faire évoluer ces parents : la naissance d'un nouvel enfant, la perte d'un emploi/ une promotion, un déménagement... et d'imaginer l'impact que cela aura sur votre personnage aussi.
Enfin, n'oubliez pas que non, un parent ne partira pas en vacances/travail en laissant son adolescent seul ou avec ses amis dans la maison pendant plusieurs semaines. Il s'arrangera à tout le moins pour qu'une voisine/tante/... vienne le temps de l'absence.
- Les frères/soeurs
Comme les parents, les frères et sœurs évoluent avec le temps. Les liens tissés avec les frères et sœurs peuvent donc se distendre ou se renforcer. Telle grande sœur dont votre personnage était très proche s'est trouvé un travail/un petit ami et est donc beaucoup moins disponible, ou vous jalouse parce que vous, vous êtes admis dans un pensionnat et pas lui. Tel petit frère vous ignore parce qu'il vous a oublié, vu que ça fait dix mois qu'il ne vous a pas vu. Suite aux événements de Grifyce, vous allez peut-être devenir très protecteur envers votre petite sœur à qui vous voulez qu'il n'arrive rien. Petite sœur qui, d'ailleurs, s'agace de cette surprotection. Ou qui va entrer à Grifyce et se pose plein de questions à ce sujet. Votre frère est en pleine crise d'adolescence, multiplie les bêtises et tente de vous entraîner avec lui jusqu'à ce qu'il s'assagisse... ou finisse en prison suivant son caractère et le contexte familial.
Bref, les possibilités d'évolution des frères et sœurs sont très nombreuses. Et à chaque fois, il faut bien garder à l'esprit deux choses :
- Comment ce frère ou cette sœur va-t-il/elle évoluer ?
- Quel impact cela aura-t-il sur votre personnage, pas seulement pendant les vacances mais à Grifyce aussi ? Voir cette grande sœur avec son petit ami pourra vous ouvrir les yeux sur l'amour, soit pour le détester soit pour l'explorer. Faire attention à sa petite sœur pourra vous conduire à devenir protecteur envers vos amis à Grifyce. Voir vos parents se disputer de plus en plus peut avoir un impact, positif ou négatif, sur votre travail (volonté d'émancipation...). Et ainsi de suite. N'ayez pas peur de développer ces relations familiales qui sont un élément important de la personnalité de votre personnage.
- Les amis
Votre personnage a pu se faire des amis au cours de sa jeunesse. Mais je mets en garde : c'est un rp extrêmement difficile à jouer. Si vous débutez, privilégiez les rp familiaux pendant les vacances, vous aurez déjà largement de quoi faire. Mais pour ceux qui veulent se lancer dedans, voici quelques conseils et écueils à éviter.
- N'oubliez pas le contexte : votre personnage avait de bons amis et du jour au lendemain il part vivre dix mois à Mirefield, dans un endroit très prestigieux.
- 99% du temps, la différence culturelle que vous vous appropriez à Grifyce et l'éloignement finissent par avoir raison de l'amitié. Donc s'il y a un rp à faire avec des amis “natifs”, c'est celui là, où l'ami ne supporte plus ce que votre personnage est devenu et finit par rompre l'amitié. Ce n'est pas inintéressant à rp, en terme d'impact sur votre personnage : colère, blessure, soulagement, remise en question de son amitié avec ses amis à Grifyce... les possibilités sont nombreuses.
- Si vous décidez de jouer le 1% d'ami qui accepte les différences et l'éloignement, ne le faites pas en mode bisounours du genre « oh, c'est pas grave que tu sois devenu prestigieux, mais le plus important c'est qu'on reste amis, n'est ce pas ? ». Replacez-vous dans la situation. Comment auriez-vous réagi si vous réalisez que votre ami devient une sorte de célébrité ? Jalousie, tristesse, incompréhension, éloignement volontaire, sentiment de trahison... Tout cela, n'hésitez pas à le jouer à fond. C'est ce qui rendra l'amitié plus crédible. Tout n'est pas rose dans une amitié. N'hésitez pas aussi à jouer avec le temps. Une crise pareille ne se résout pas en deux jours. Cela peut durer plusieurs mois, parfois plusieurs années avant que l'ami accepte que votre personnage puisse avoir évolué en-dehors de lui. Le gain de maturité inhérent à l'âge aide à cette acception.
b. A Grifyce
- Les amis
Chouette, votre personnage est à Grifyce, il a beaucoup d'amis et combat quelques antago pour le plaisir avant de retourner voir ses amis, parce que les amis, c'est cool. Oui... mais non. Vos personnages sont des êtres humains et que, comme tout être humain, ils ne peuvent pas toujours s'entendre tout le temps. N'hésitez pas à jouer les brouilles, les failles. N'ayez pas peur que votre personnage perde des amis, ce n'est pas grave. Ca le poussera peut-être à aller vers d'autres personnages pour élargir son cercle de connaissances. Et même ensuite, ce n'est pas parce que vous avez convenu d'un rp réconciliation avec un autre joueur que vos personnages vont forcément se réconcilier. Au contraire, c'est l'incertitude qui crée l'intérêt du rp. Peut-être que pour ce coup-ci, ils ne se réconcilieront pas. Ce n'est pas grave. Cela va créer une nouvelle évolution dans la relation.
Mais tout n'est pas que dispute chez les amis. Avec vos amis proches, n'hésitez pas à pousser les conversations, échanger les points de vue. Votre personnage a vu, vécu des choses. Cela le fait réfléchir. La confrontation de deux points de vue peut amener à des échanges intéressants, peut-être faire évoluer votre personnage.
5/ Double comptes et auto-rp
Je fais partie de ceux, je l'avoue, qui encouragent très fortement le double compte (DC). Sans tomber dans l'excès de la quinzaine de comptes, il me semble que jouer deux personnages simultanément est essentiel pour soi. Tout d'abord, pour une simple question pratique : si un personnage est immobilisé dans un lieu, on peut toujours continuer à rp avec l'autre. Pour une question personnelle aussi : il peut être bon, pour se changer les idées et éviter d'être trop impliqué émotionnellement dans son personnage, de passer d'un personnage à l'autre, d'un caractère à l'autre.
L'auto-rp fait partie du rp. Il y a des joueurs qui n'aiment pas cela, ce qui est tout à fait compréhensible, mais il se peut aussi que vous soyez obligés de vous y confronter, ne serait-ce que pendant les vacances. Je vais donc vous donner quelques clés afin que vous puissiez plus facilement passer d'un personnage à l'autre sans rompre leur cohérence.
- L'avatar. Si vous êtes visuel, jeter un coup d'oeil à un avatar qui représente bien la personnalité de votre personnage peut vous permettre de rentrer tout de suite dans sa psychologie.
- Les changements d'onglet. Pour certaines personnes, faire le geste de passer d'un onglet à l'autre peut permettre une séparation symbolique d'un personnage à l'autre et aider à faire le cloisonnement.
- Les mots clés pour décrire le personnage. Comme je l'expliquais au 3/ Donner de la profondeur au personnage , un personnage avec une véritable identité peut se décrire en deux-trois mots. Lorsque vous passez d'un personnage à l'autre, aidez-vous de ces mots pour resituer le caractère de votre personnage en quelques secondes.
- La remise en situation. N'hésitez pas, avant de répondre, à prendre le temps de relire le ou les posts précédents pour vous remettre rapidement dans le contexte.
N'oubliez pas que lorsque vous écrivez, vous n'écrivez pas seulement pour vous mais aussi pour les autres – et notamment pour le joueur qui va répondre à votre post, que ce soit un autre joueur pour les DC ou vous-même pour l'auto-rp. Ce qui veut dire que, même si vous êtes un peu déstabilisé par ce changement de personnalité, vous ne devez en rien le montrer dans vos posts pour que votre personnage reste cohérent aux yeux des autres. Pour cela, il existe, entre autres, deux astuces.
- Les tics de personnalité. Si votre personnage fait souvent un geste : « George sourit. » « Trystan hausse un sourcil. », réitérer ce geste donnera l'impression au joueur en face qu'il a bien ce personnage devant lui.
- Les tics de langage. Sur le même principe, un mot, une expression, une marque d'oralité que votre personnage répète régulièrement donnera cette même illusion au joueur d'en face (le bégaiement, les « hum »...)
Quelques petits conseils pour l'auto-rp plus particulièrement :
- Pour qu'il soit efficace, l'auto-rp doit répondre à un besoin en amont. Par exemple : la mère de votre personnage gronde votre personnage pour ses mauvaises notes. L'un de vos personnages veut confier à un autre un secret. Il est extrêmement difficile de débuter un auto-rp sans avoir une idée de l'objectif final en tête, simplement pour le plaisir de faire bavarder deux personnages ensemble. Vous vous rendrez compte que bien vite, la scène tournera en rond et vous risquez fortement de vous ennuyer.
- Une fois le besoin défini et l'auto-rp lancé, veillez bien à respecter la cohérence de chacun de vos personnages. N'hésitez pas à ne relire que les posts de votre personnage, puis l'ensemble du rp avant de répondre, pour être sûr que cela reste cohérent avec l'idée que vous avez de votre personnage.
- Faites vraiment la démarche intellectuelle, l'effort, de passer d'un personnage à l'autre dans votre tête. Si vous vous contentez d'écrire votre auto-rp comme vous écririez un roman, d'un point de vue omniscient et détaché, cela fonctionnera mal puisque le forum n'est pas prévu pour cela.
- Laissez-vous surprendre par les situations. Comme pour un rp « normal », il se peut que vous ayez un besoin en tête, mais que les hasards de la conversation font que vous partez sur tout autre chose. N'essayez pas de répondre à ce besoin à tout prix. Laissez-vous surprendre, acceptez que la conversation parte dans une toute autre direction que celle prévue. Vous pourriez faire évoluer vos personnage d'une manière imprévue, mais tout aussi intéressante.
III - Quelques liens utiles
Lien vers l'Atelier du RP, serveur Discord autour du jeu de rôle écrit, dédié à s'interroger sur celui-ci et s'améliorer :
https://discord.gg/BhesJbEqnHCorriger son orthographe :
https://bonpatron.com/fr/https://www.scribens.fr/Différencier des homophones :
http://ameliorersonfrancais.com/grammaire/homophone/Éviter des erreurs de langue :
http://www.academie-francaise.fr/questions-de-languehttp://www.academie-francaise.fr/dire-ne-pas-direTrouver des synonymes :
http://crisco.unicaen.fr/des/synonymes/synonymeTrouver des antonymes :
http://www.antonyme.org/Trouver des cooccurrences (adjectif pour un nom, adverbe pour un verbe etc.) :
https://www.btb.termiumplus.gc.ca/tpv2g ... l?lang=fra (à partir de noms communs uniquement)
https://inspirassion.com/fr/ (recherche globale dans des textes littéraires)
Trouver des mots commençant ou se terminant par certaines lettres :
https://www.listesdemots.net/touslesmots.htmTrouver des prénoms dans toutes les langues :
https://www.behindthename.com/https://fr.fantasynamegenerators.com/Un dictionnaire français, pour l'orthographe et l'origine des mots :
https://www.cnrtl.fr/